On savoure à peine la nouvelle. Enfin, ça y est. Je suis enceinte. Après huit ans d’attente, de traitements, de doutes… La vie s’invite en moi. On se prend à rêver doucement, à respirer différemment. À croire que la roue a tourné.
Mais elle n’a pas juste tourné. Elle a fait un tour complet.
Début juillet, après des soucis de tension, un contrôle de routine devient une annonce inattendue : j’attends des triplés.
Trois cœurs. Trois bébés. Trois vies.
Le choc est immense. Il y a l’émerveillement bien sûr, l’incroyable joie de se dire que la vie a non seulement répondu, mais débordée. Et en même temps… la peur. La sidération.
Comment on va faire ? Qu’est-ce que ça veut dire, être parents de triplés ? À deux, à quarante ans ?
La réponse de la gynécologue ne tarde pas à tomber : un simple mail, sec, clinique : « Il faudra penser à la réduction embryonnaire. »
Mais ça, pour nous, c’est impensable. Ce sont nos enfants. Nos trois réponses. C’est ainsi que la vie a choisi de s’installer en nous. Alors on avance, coûte que coûte.
La grossesse est tout sauf simple. Mon corps se transforme très vite. Enceinte début juin, je suis alitée dès le mois d’octobre. Hospitalisée début novembre. Chaque jour compte.
Je deviens un cocon, une couveuse humaine, les jours sont longs et les inquiétudes nombreuses.
Et puis, début janvier, à 33 semaines d’aménorrhée, ils décident d’arriver.
Trois petites merveilles. Minuscules. Fragiles.
Mais là.
Commence alors une autre aventure : la néonat.