La néonat, notre deuxième maison
Ils sont nés début janvier, à 33 semaines. Trois bébés minuscules, trois corps si fragiles… et pourtant déjà pleins de force.
Ils sont là.
Nos fils.
Et nous voilà projetés dans une nouvelle réalité : la néonatalogie. Pendant cinq semaines, la néonat devient notre maison, notre cocon. Chaque jour, on fait du peau à peau. Deux bébés sur l’un, un bébé sur l’autre. Et on échange l’après-midi. On veille à ce que chacun ait sa dose de câlins, de chaleur, de battements de cœur contre notre peau. C’est notre rituel. Notre manière de créer le lien. Masqués, à distance de tout le reste du monde… mais tellement proches d’eux.
L’équipe de la néonat de Toulouse a été exceptionnelle. Présente, douce, soutenante. On s’est sentis compris, entourés.
Et pourtant, ce n’était pas facile. Nos familles étaient loin, à plus de deux heures de route. Et la néonat, ce n’est pas un endroit qu’on visite comme on veut. Il faut du temps, de la patience, des masques, des protocoles. Pendant cinq semaines, personne d’autre que nous et le personnel de la néonat ne les a tenus dans ses bras.
Et ça aussi, c’était dur… mais nécessaire. Pour eux. Pour leur sécurité.
Puis vient le retour à la maison.
Et là… c’est un autre tsunami.
Du jour au lendemain, on passe de bébés avec des capteurs partout pour vérifier que leur cœur bats, qu'ils respirent à … huit biberons et dix couches par enfant par jour. Et la peur ! Plus de capteurs, plus d'indicateurs !
Chaque biberon dure 20 minutes. Et comme on manque de bras, on fait les tétées en deux vagues. Et au milieu de tout ça, je tire mon lait, à chaque tétée. On ne dort presque plus. On fonctionne en pilotage automatique.
Le quotidien devient un enchaînement fou de soins, de ménage, de lessives, de repas, de pleurs, de tirages, de câlins volés, de bibis et de changes.
Heureusement, on est deux à la maison. Et nos proches nous soutiennent autant qu’ils le peuvent. Merci tellement !!!
Mais l’épuisement s’installe. Lentement, silencieusement.
Le corps tient de moins en moins bien. Le mental, encore moins.
C’est là que le virage commence à se dessiner.
Mais ça, ça sera le sujet d'un prochain article.